L’action artistique me procure une sensation agréable par la suppression des problèmes, me procure un sentiment de bien-être par l’absence de toute contrainte sociale sur l’individu. L’acceptation de la beauté enfantine, le refus de (mes) concepts erronés.
C'est un agréable état de trouble qui flatte mon sens du désordre. C’est l’opposition à l’action violente, la lutte contre ce qui est dangereux. C'est, ne rien inventer, rien rajouter.
Je travaille pour le plaisir, le mien et celui des autres. Mon envie n’est pas (toujours) de choquer, mais de créer une émotion. Une émotion vive, une douce émotion, quelque chose d’immédiat. Pour le plaisir, pour embellir, redonner le goût de l’enfance, le goût du rêve.
J’apprécie si j'arrive a détourner un peu l’attention, juste un regard.
J’ai renoué avec une partie de mon enfance, le monde des autocollants, de la brillance, du trop. Le plaisir rapide, simple et éphémère. On colle une gommette (autocollant) et après, rien, c’est terminé. J’ai adapté cette activité à ma pratique. J’embrille, je colle, j’ensevelis mes souvenirs comme on enveloppe un cadavre. J’essaie d’étirer l'instant. Dessiner à la gommette c’est long, embriller c’est beau. Je suis grande maintenant, j’aime déployer, étaler l’instant et garder secret. Alors j’accumule, fais disparaître, exagère, achète. Je colle des couches d’étoiles et de cosmos, de désir, de plaisirs de petites filles. Je prolonge l’éphémère et joue avec les débordements. Je veux continuer d’être émue.
J’aime exagérer. J’aime ne pas savoir m’arrêter. J’aime l’idée du “beau” produit dans la “souffrance”. Mon travail est un travail d’endurance et de harassement. Un travail sur la folie, sur ma folie. J’aime que le regardeur le découvre peu à peu à mesure que son intérêt s’amplifie, qu’il se rapproche. Si cela se produit, je suis heureuse.
Je peins, dessine, gratte, colle, découpe. J’ai une démarche formaliste à caractère compulsif. Je travaille les couleurs, les contours, les espaces. Je répète, entasse, classe et rejette. J’étends le processus. J'attends, souffle, sèche. Puis j’oublie et passe à autre chose.
Je veux que la personne qui regarde puisse ressentir, face aux couleurs et aux textures que je produis, ce qu’elle ressent. Tout simplement.